Je découvre, il y a quelques jours, un article qui fait référence à un récent « State of Agile Report » qui, dans le cadre d’une étude internationale (100 pays, 4200 répondants), constate une augmentation significative de l’adoption des pratiques agile. Constat que l’on peut effectivement faire au quotidien, même si nous pouvons aussi nous poser la question de la nature de cet agile parfois tellement dénaturé qu’il en devient frelaté.
Sur cette étude, le niveau d’adoption des pratiques agile est principalement justifié par une exigence forte sur les délais de livraison, sur la productivité des équipes et sur la capacité à intégrer le changement.
Je suis un adepte et un véritable ambassadeur des pratiques agiles comme je le suis tout autant des pratiques cascades. Je suis surtout convaincu qu’il n’y a pas une méthode intrinsèquement meilleure que l’autre, mais que tout est question ici d’adéquation projet-méthode. Nous pouvons légitimement nous interroger sur les pouvoirs exceptionnels de l’agile pour répondre aussi brillamment à ces problématiques relatives aux délais, à la productivité et à la capacité d’intégrer les changements.
L’agile ne permet pas de réduire les délais
Mon expérience de projets conduits en agile et en cascade sur des domaines très variés montre que l’une ou l’autre méthode, dans la mesure ou celle-ci est pertinente, soutient fort heureusement et sans difficulté particulière ces trois objectifs. Ce n’est, de mon point de vue, définitivement pas une question de méthode. Et je dis haut et fort que l’agile, en soi, ne permet ni de réduire les délais, ni d’augmenter la productivité, ni de faciliter l’intégration des changements. Ce n’est tout simplement pas sa finalité. Je pense même que ce message est contre-productif et qu’il fausse la lecture des parties prenantes qui vous diront au premier rejet d’une demande « Ben, je croyais que vous étiez agiles ».
Revenons aux fondamentaux : l’agile propose un cadre de travail très intéressant afin d’engager le projet sur un sujet pour lequel l’incertitude sur le livrable est forte. C’est, de mon point de vue, la seule justification à l’utilisation de l’agile. S’il n’y a pas d’incertitude sur le livrable, faite du cascade, ce sera bien plus confortable. Vous n’allez quand même pas construire un pont ou un rond-point en agile pour réduire les délais ou augmenter la productivité. C’est un sujet que j’aborde dans ma formation pOsons le projet.
Sobriété et adaptation pour la performance des projets
Je pense que les éléments clés de succès en réponse au délai, à la productivité et à la capacité d’intégration du changement sont, d’une part la sobriété et d’autre part l’adaptation de la méthode au contexte du projet.
- La sobriété, car elle va sans aucun débat nous permettre de construire et de livrer uniquement ce qui apporte réellement de la valeur. Donc pas de dépense d’énergie ou de moyen inutile pour développer des fonctionnalités sans valeur. C’est immédiatement du temps gagné avec un impact immédiat sur les délais. Et bien évidemment de la productivité puisque le rapport valeur/investissement humain est totalement et objectivement justifié.
- L’adaptation de la méthode, pour éviter le surarmement en gestion de projet et prévoir, dès le cadrage du projet, la gestion des inévitables demandes de changement. Donc ici aussi, l’absence d’effort non justifié soutiendra un délai court et une bonne productivité des équipes. Quant au changement, le processus sera prévu pour le gérer de manière efficiente et professionnelle
Cessons de prêter à l’agile toutes les réponses aux maux du présent. Cessons de vendre du rêve aux parties prenantes et cessons de rêver à la magie d’une solution unique et universelle. Cadrons nos projets, utilisons les méthodes du marché, considérons-les toutes avant de faire le choix d’une approche méthodologique. Cela limitera frustration et démotivation des membres de l’équipe projet et des parties prenantes. Et cela participera directement à la performance des projets.
Pour aller plus loin
Je vous recommande le podcast pOsons le projet avec une première saison composée de 8 épisodes pour pOser les étapes clés du projet conduit en cascade en partant du cadrage, et une deuxième saison pour faire un focus sur le cadre de travail agile.
pOsons le projet est accessible sur les principales plateformes : Apple podcast, Deezer, Spotify, Amazon music
N’hésitez pas à me joindre pour échanger sur le cadrage de vos projets. Pour aller plus loin sur les apprentissages, il y a aussi la formation pOsons le projet. Deux journées pour maîtriser les étapes clés du projet et pour appliquer l’ensemble des concepts abordés.
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